Pétrissage du français, façon galette des rois

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En terre allemande, au cœur du quartier berlinois de Prenzlauer Berg, des voix enfantines se font entendre. Seule adulte au milieu de six bambins, Virginie Bimont canalise les cris et les altercations. Depuis quelques années, elle loue une salle quatre fois par semaine pour accueillir des bambins de deux à onze ans. Face aux enfants, la professeure de français langue étrangère organise une activité ludique pour ce froid mercredi de janvier : fabriquer une galette des rois.

Cette tradition de l’Epiphanie n’existe pas en Allemagne et les enfants se lèchent déjà les babines en passant la porte. Mais avant de se régaler, le rituel du cours se met en branle. Des comptines se font entendre puis chacun formule une question sur le temps et sur une couleur. Enfin, il est temps de commencer à cuisiner.

Was ist Galette des Rois? – Auf Deutsch:

« Oh nein », s’exclame Camille quand un œuf s’écrase par terre. Virginie dirige ses apprentis cuistots d’une main experte: « Chacun prend une fourchette et aide à mélanger… non pas autant de farine… attention, c’est chaud ». Les enfants s’exécutent. Si des mots leur échappent, le groupe est là pour aider à reprendre le fil de la recette française. Aeneas ose d’ailleurs une question « Was ist la recette ? » Virginie explique, toujours en français, pour que « les enfants s’habituent à s’exprimer peu à peu, en jouant et en laissant le français imprégner leur quotidien ».

Virgine spricht über ihre Beruf – Auf Deutsch und Französisch:

A Berlin, la maître nageuse et professeur de sport du sud de la France dispense son enseignement ludique aussi bien aux enfants qu’aux adultes, grâce à son association intitulée Comme un poisson dans l’eau. « Au début les plus vieux n’osent pas et puis, ils se rendent vite compte qu’ils apprennent beaucoup mieux en jouant qu’en se plongeant dans un livre de grammaire ». Avec deux enfants nés en Allemagne et inscrits au lycée français de Berlin, la professeure vit l’Europe au quotidien. A l’Université où elle enseigne, comme avec les petits, elle défend d’ailleurs l’idée d’une identité européenne forte : « Quand les gens se déplacent en Europe librement, ils ont l’occasion de pouvoir rencontrer d’autres cultures avec moins de barrières et d’être plus tolérant envers l’autre. »

Du haut de leurs quatre ans, les cuisiniers de la galette des rois ne théorisent pas tant. Ensemble, ils incarnent naturellement l’Europe de demain et commencent leurs phrases en allemand avant de conclure en français. Et en attendant que leur préparation soit cuite, tous écoutent une histoire du Père castor, « roule galette ».